LA POLITIQUE
 PORTUAIRE FRANCAISE 
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 B. - Lefficacit' de La
 gestion 
 1' Les ressources domaniales 
 a) Les recettes
 dexploitation du domaine 
 Les tarifs domaniaux 
 Les crit'res pris en compte pour
 fixer les tarifs domaniaux sont dune extr'me diversit' et nont aucune
 coh'rence dun port ' un autre ou m'me dun gestionnaire ' un autre au sein
 dun m'me port.  
 Certaines tarifications de base
 sont assises sur des crit'res de localisation g'ographique (secteur de Bordeaux,
 Montoir, Rouen-La Bouille...), sur des crit'res plus fonctionnels (zones portuaires ou
 non, zones industrielles, commerciales ...), sur des crit'res physiques (terrain
 b'ti/non b'ti, constructible, acc's aux plans d'eau....) et sur des crit'res
 inh'rents ' la nature de l'occupant (entreprise portuaire ou non...). 
 Les types de modulations de ces
 tarifs de base sont 'galement tr's divers. Ils correspondent soit ' des abattements,
 soit ' des majorations de tarifs, en fonction de la superficie lou'e, de la dur'e de
 location, de l'int'r't portuaire ou non de l'occupation. Les tarifs peuvent aussi, comme
 en Guadeloupe, 'tre major's pour tenir compte des contraintes d'environnement. D'autres
 param'tres concernent le trafic engendr', les activit's sp'cifiques comme la
 r'paration navale par exemple, ou les investissements privatifs, et peuvent se cumuler
 avec les pr'c'dents. Ainsi, alors que les r'ductions de tarifs domaniaux fond'es sur
 le montant des droits de port pay's sont plafonn'es ' Nantes, elles peuvent atteindre
 la totalit' du prix de la location au Havre. A la Rochelle, les abattements sont
 personnalis's. 
 Les redevances domaniales
 contractuelles r'sultent parfois de l'agr'gation de plusieurs facteurs, notamment les
 tarifs domaniaux et le volume d'activit'. En outre, hors cadre contractuel, les ports
 octroient des aides particuli'res par le biais de fonds sp'cifiques tels que les fonds
 d'action ou d'intervention commerciale. 
 L''volution des tarifs est
 essentiellement fond'e sur deux indices : lindice Insee de co't de la construction
 des immeubles ' usage d'habitation ou lindice BT 01, index tous corps d''tat. Or
 ces r'f'rences ont connu des progressions tr's diff'rentes au cours de la p'riode
 1985-1995. Ainsi, l'indice Insee du co't de la construction a augment' d'environ un
 cinqui'me, tandis que l'indice BT 01 a progress' de pr's d'un tiers, soit dans les
 m'mes proportions que le produit int'rieur brut marchand. 
 Dans les ports autonomes, les
 mises ' jour de bar'mes sont variables. Contrairement aux autres ports autonomes o' les
 bar'mes domaniaux sont 'tablis annuellement, ou semestriellement (Nantes), les ports
 autonomes de Dunkerque (bar'me 1988) et de Marseille (bar'me de 1972) n'actualisent pas
 leurs bar'mes. En outre, dans ces deux ports, le domaine rel've de deux bar'mes, celui
 de l'outillage (terre-pleins) et celui du domaine (autres terrains).  
 Les bar'mes domaniaux ont 't'
 notamment modifi's ' Nantes-Saint-Nazaire et ' Rouen. La restructuration du bar'me de
 Nantes, r'alis'e en 1983, suite aux observations de la Cour, est pass'e par une refonte
 des zones de tarification. L'application des nouvelles normes s'est 'tal'e sur trois ans
 ' compter de 1984. A Rouen, les changements de la tarification de base qui datait de 1976
 ont concern', entre autres, la red'finition des zones g'ographiques et les abattements
 commerciaux en 1988, puis l'institution de redevances minimales et les conditions
 d'attribution d'options sur les terrains g'r's par le port en 1991. 
 Dans les ports dint'r't
 national, il existe deux cat'gories de bar'mes : l'un concerne les tarifs de la
 direction des services fiscaux (terrains non conc'd's) ; l'autre, les tarifs des
 concessionnaires (terrains conc'd's). 
 Ces tarifs ne sont pas toujours
 'tablis : au port de Dieppe, la Chambre de commerce n'a toujours pas fix' de
 tarification pour les terrains conc'd's depuis 1992. 
 Au sein d'un m'me port, il
 existe une grande disparit' de tarifs entre l'Etat et le concessionnaire. Le cas du port
 de Cherbourg est le plus frappant : les tarifs de la chambre de commerce sont d'environ
 cinq (tarif minimum) ' huit fois (tarif maximum) sup'rieurs ' ceux pratiqu's par
 l'Etat pour des terrains de qualit' relativement comparables. 
 De mani're g'n'rale, les
 bar'mes domaniaux de base des ports d'int'r't national sont plus bas que ceux des ports
 autonomes, voire m'me inexistants comme le montre le cas particulier des terre-pleins '
 Calais. Cependant, par le jeu de r'ductions diverses, notamment celles li'es au trafic,
 les 'carts effectifs s'amoindrissent, ce qui conduit les ports d'int'r't national '
 avoir des revenus ' l'hectare sup'rieurs ' ceux des ports autonomes. 
 Les redevances domaniales 
 Le montant des redevances
 domaniales peut 'tre estim' ' partir des produits d'exploitation du domaine, des
 concessions et des locations de mat'riels et outillage, ' la r'serve pr's que le
 contenu des comptes concern's varie d'un port ' l'autre. Ainsi, les terre-pleins sont
 consid'r's par les ports autonomes comme de l'outillage et leurs revenus constat's
 comme tel. Cette description r'sulte notamment de traditions fond'es sur une utilisation
 de ces terrains sp'cifiquement d'di'e ' l'activit' portuaire : avant l'autonomie pour
 les ports autonomes, et encore actuellement pour les ports dint'r't national, les
 concessions portuaires, baptis'es concessions d'outillages publics, int'graient une
 partie des terre-pleins, notamment destin's ' l'activit' de manutention portuaire. En
 outre, pour un m'me port, le contenu des comptes peut varier dans le temps. C'est le cas
 ' Bordeaux o' les produits des concessions et des autorisations d'outillage priv' sont
 pass's, en 1995, des produits du domaine ' ceux de l'outillage. Les actes de location
 distinguent en principe les terre-pleins des autres outillages. Cependant la r'partition
 comptable entre les produits domaniaux et les produits de l'outillage est relativement
 th'orique, notamment dans le cas de tarifications partiellement fond'es sur l'activit',
 et en cas de ristournes de toutes natures qu'elles soient conventionnelles ou ponctuelles.
  
 Les montants bruts et nets des
 produits domaniaux sont difficilement 'valuables compte tenu de la disparit' des
 diff'rents rabais et ristournes accord's ainsi que de leur traitement comptable d'un
 port ' l'autre. L''tude confi'e par la direction du transport maritime, des ports et du
 littoral aux commissaires du Gouvernement sur les ristournes dans les ports autonomes
 devrait clarifier les diff'rentes pratiques et leur traitement. 
 Il ressort des travaux de la Cour
 que les recettes domaniales des ports autonomes s'l'veraient ' 532 MF en
 1995, soit un revenu annuel net de lordre de 16 000 F par hectare.
 Exclusion faite du port de la Guadeloupe, avec une moyenne annuelle des produits domaniaux
 de 122 300 F/ha car le prix de base des terrains est y nettement sup'rieur ' la
 moyenne m'tropolitaine, c'est le domaine du Havre qui appara't le plus r'mun'rateur
 (23 400 F/ha) et qui le demeurerait m'me si les incertitudes sur sa superficie
 'taient lev'es. Les recettes du Havre repr'sentent 30 % des produits domaniaux
 m'tropolitains. Les ports autonomes de Marseille (11 400 F/ha) et de
 Nantes-Saint-Nazaire (12 800 F/ha) tirent le moins profit de leurs
 domaines. Dunkerque (16 700 F/ha), Rouen (15 900 F/ha) et Bordeaux
 (14 900 F/ha) se situent aux alentours de la moyenne. 
 Dans les ports d'int'r't
 national, les redevances domaniales sont soit recouvr'es par l'Etat pour les emprises non
 conc'd'es, soit per'ues par les concessionnaires. 
 Pour les produits du domaine
 b'n'ficiant ' l'Etat, le recouvrement des redevances est assur' par les directions
 locales des services fiscaux qui traitent toutes les relations financi'res (tarifs,
 revalorisations, actualisations) avec les redevables, de sorte que certains services de
 l'quipement nont que des renseignements tr's incomplets, comme ' Calais,
 Cherbourg, Toulon et Fort-de-France, ou inexistants, comme constat' ' Bayonne et
 Ajaccio. 
 Pour les produits du domaine
 b'n'ficiant aux concessionnaires, les autorit's portuaires locales n'ont pas 't' en
 mesure de les pr'ciser ' la Cour. Ces absences de renseignements d'notent un manque de
 suivi et de v'ritable contr'le des comptes des concessions par les services de
 lEtat, dans pr's de la moiti' des ports dint'r't national. Ainsi, aucun
 compte n'a 't' produit pour cinq concessions. Dans six autres ports, les productions ont
 't' partielles. Il s'agit essentiellement des comptes des concessions de plaisance. 
 En cons'quence, la Cour na
 pu qu'valuer de fa'on tr's incompl'te les revenus du domaine portuaire des ports
 dint'r't national. Ils sont au minimum de l'ordre de 67 MF par an, avec une
 tr's grande disparit' d'un port ' l'autre. Le domaine de Calais repr'sente ' lui seul
 19 % du domaine des ports dint'r't national, mais seulement 1 % du total
 des redevances. Inversement, les domaines de Cherbourg et Toulon, qui repr'sentent
 10 % de la surface terrestre des ports dint'r't national et 55 % de
 celle de Calais, g'n'rent pr's du tiers des redevances domaniales de l'ensemble des
 ports dint'r't national 
 Il ressort de ces informations,
 m'me partielles, que les revenus du domaine des ports d'int'r't national
 (26 300 F/ha) seraient en moyenne sup'rieurs ' ceux des ports autonomes
 (16 500 F/ha). Cette analyse tr's globale n'est qu'indicative. Mais les
 difficult's dapproche des donn'es concern'es d'montrent surtout le peu
 dint'r't port' aux ressources domaniales par les autorit's portuaires locales
 des ports dint'r't national. 
 Dans une r'ponse doctobre
 1998, le directeur g'n'ral des imp'ts indiquait quil envisageait
 " dam'liorer les r'gles de gestion des redevances domaniales ainsi que
 leur rendement 'conomique. (..) Des crit'res dharmonisation, de valorisation (...)
 et des indices de revalorisation communs pourraient 'tre d'finis, dans le
 cadre " dune " politique volontariste en mati're de redevances
 domaniales ", " et appliqu's par lensemble des services fiscaux ". 
 b) Les autres recettes de la
 gestion du domaine 
 Les produits des cessions 
 Ces produits, selon les cas,
 b'n'ficient au port autonome (domaine propre), sont r'employ's par le port autonome
 (p'rim'tre de cessibilit'), ou sont revers's ' l'Etat (hors p'rim'tre). Sur la
 p'riode 1985-1995, les produits des cessions repr'sentent en moyenne de l'ordre de 10 MF
 par an pour l'ensemble des ports autonomes toutes propri't's domaniales confondues. Leur
 faiblesse confirme que la politique domaniale des ports est dans l'ensemble peu active. 
 Les produits li's aux transferts
 de gestion 
 En r'gle g'n'rale, les remises
 consacrant le changement de destination, et non le changement de propri'taire, sont par
 nature essentiellement gratuites. Cependant, le code des ports maritimes (art. R.*113.22)
 pr'voit que l''ventuelle " indemnit' de changement d'affectation est
 encaiss'e par l'Etat ". Toutefois, ce m'me article pr'cise que " la
 fraction de l'indemnit' correspondant ' la plus value apport'e par les am'nagements
 r'alis's est r'partie entre l'Etat et le port proportionnellement ' leur participation
 respective au financement de ces am'nagements ". En outre, la
 jurisprudence du Conseil d'Etat admet qu'un service d'poss'd' peut 'tre indemnis'
 dans la mesure o' l'op'ration a pour cons'quence de le priver d'un revenu ou de
 l'obliger ' faire des d'penses notamment sur un autre site. 
 Les transferts de gestion ont
 't' majoritairement op'r's au profit de collectivit's territoriales et ont, pour une
 part minoritaire, donn' lieu ' indemnisation. A Bordeaux, deux transferts (16 ha) ont
 donn' lieu ' des indemnisations, qui se sont 'lev'es ' respectivement 144,8 MF pour
 le premier transfert (1994) et ' 37,7 MF pour le second (1996), qui a seul fait
 lobjet dun enregistrement au budget g'n'ral, comme le requiert
 larticle R. 113-22 du code des ports maritimes, une d'pense du m'me montant au
 profit du port de Bordeaux ayant ensuite 't' imput'e sur le chapitre 63-30 du budget du
 minist're de la mer.  
 A Nantes-Saint-Nazaire, un
 transfert de gestion a 'galement abouti au versement par le district de l'agglom'ration
 nantaise au port autonome de 33 MF. Cette irr'gularit' a 't' ent'rin'e par le
 directeur d'partemental des imp'ts.  
 Au Havre, dans le cadre du
 sch'ma " universit' 2000 ", deux transferts de gestion du domaine
 public maritime ont 't' op'r's ' titre on'reux en 1997 au profit de deux
 'tablissements universitaires. Ils ont 't' consentis moyennant des indemnit's de
 8,1 MF, r'gl'es directement par la ville du Havre au port autonome, l' encore, en
 m'connaissance des prescriptions de l'article R.*113-22 du code des ports
 maritimes : le produit aurait d', en principe, 'tre encaiss' par lEtat, puis
 revers' par lEtat au port ' hauteur de la totalit' de la plus-value apport'e par
 lui. 
 La r'glementation applicable aux
 transferts de gestion est donc imparfaitement respect'e dans les ports, notamment
 l'article R.*113-22 du code des ports maritimes. Les infractions constat'es ont eu pour
 cons'quence de priver l'Etat de ressources et d'aboutir ' une contraction des d'penses
 et des recettes au niveau du budget g'n'ral, contraire aux prescriptions de la loi
 organique relative aux lois de finances. En outre, les paiements correspondants des
 comptables publics ne sont pas lib'ratoires car ils nont pas 't' effectu'es au
 profit du v'ritable cr'ancier. De m'me, les comptables des ports autonomes n''taient
 pas habilit's ' encaisser des sommes revenant r'glementairement ' l'Etat. Enfin, les
 errements constat's sont de nature ' engager la responsabilit' des fonctionnaires ayant
 particip' ' la r'alisation irr'guli're de ces transferts de gestion aux divers stades
 du d'roulement des op'rations tant au niveau local que central. 
 Interrog'e sur ces pratiques, la
 DTMPL avait propos' de modifier les dispositions de cet article R.*113-22 et de pr'voir
 que : "lindemnit' de transfert de gestion 'ventuellement due dans les
 conditions de l'article R.58 du code des domaine de l'Etat est int'gralement vers'e au
 port autonome". Dans l'attente de ce projet de d'cret, souhaitable mais
 actuellement abandonn', il convient que la DTMPL s'attache ' faire respecter le texte en
 vigueur. 
 Les co'ts dinstallation
 sur le domaine portuaire en Europe 
 Le produit des redevances
 domaniales est extr'mement variable selon les ports. Le Havre est le port dont les
 redevances domaniales sont les plus faibles. Sur une base 100 au Havre pour le prix du m'
 lou', Anvers se situe ' 131, Hambourg ' 142 et Rotterdam ' 205. La hi'rarchie est
 inverse en mati're de droits de ports, qui se situent, en tonne mouvement'e et avec une
 base 100 au Havre, ' 65 ' Rotterdam, 58 ' Anvers et 31 ' Hambourg. On peut
 dailleurs relever que Le Havre est le seul de ces quatre ports ' pr'lever un droit
 de port sur les marchandises, en plus du droit de port sur le navire. 
 2' Le co't de la gestion du
 domaine 
 a) Les frais dentretien et
 dexploitation du domaine g'r' par les ports autonomes 
 Le co't d'entretien et
 d'exploitation des infrastructures terrestres est ' la charge des ports autonomes.
 Dapr's les prix de revient issus des r'sultats analytiques du Havre et de Rouen
 comprenant les co'ts du domaine proprement dit, des terre-pleins et des chauss'es, ce
 co't peut 'tre estim' ' 15% au moins des charges d'exploitation brutes totales, hors
 charges calcul'es. Selon cette approche tr's globale et tr's imparfaite, il ressort que
 le co't des infrastructures terrestres du domaine g'r' par les ports autonomes serait
 au minimum de l'ordre de 412 MF (valeur 1995) dont 10 MF pour la Guadeloupe. 
 En valeur, le revenu net du
 domaine, hors co't des infrastructures nautiques, atteindrait pour 1995 les valeurs
 pr'sent'es dans le tableau ci-dessous (en MF). 
 
 
 Port
 autonome  | 
 Produits
 nets domaniaux  | 
 Charges
 li'es au domaine   | 
 revenu
 net  | 
  
 
 |   | 
 (a)  | 
 (b)  | 
 (a)
  (b)  | 
  
 
 | Bordeaux | 
 58  | 
 36  | 
 22  | 
  
 
 | Dunkerque | 
 102  | 
 67  | 
 35  | 
  
 
 | Le Havre | 
 151  | 
 91  | 
 60  | 
  
 
 | Marseille | 
 97  | 
 110  | 
 (13)  | 
  
 
 | Nantes-Saint-Nazaire | 
 49  | 
 50  | 
 (1)  | 
  
 
 | Rouen | 
 54  | 
 48  | 
 6  | 
  
   
 Ces estimations, que la raret'
 des informations disponibles rendent tr's sommaires, montrent que le domaine g'r' par
 les ports autonomes m'tropolitains ne serait gu're rentable, contrairement aux opinions
 tr's r'pandues.  
 Cependant, comme cela a 't'
 relev' pr'c'demment, des incertitudes p'sent sur toutes les composantes des
 diff'rentes valorisations tant au niveau des revenus que des co'ts et des superficies.
 Le revenu global net annuel du domaine g'r' par les ports autonomes m'tropolitains
 serait au maximum de l'ordre de 109 MF pour 32 100 ha (soit environ 0,3 F/m2).
 Calcul' ' partir de la valeur patrimoniale du domaine - fond'e sur son co't historique
 de 6 220 MF en 1995 et non sur sa valeur effective -, le rendement du domaine
 avoisinerait 1,7% par an. Cette constatation ne s'applique pas ' la Guadeloupe dont le
 domaine g'n'rerait, selon les options retenues, 10 MF de revenus nets pour 179 ha, soit
 5,6 F/m2 /an.  
 En outre le rendement peut 'tre
 tr's divergent d'un port ' l'autre. Par exemple, selon les r'sultats analytiques, le
 domaine de Rouen, infrastructures terrestres incluses, procure un b'n'fice de 6 MF
 en 1995, tandis que le Havre en tire un avantage denviron 60 MF : ce dernier
 r'sultat est dix fois plus important pour une superficie domaniale ' peine deux fois
 sup'rieure. 
 b) Le co't de la gestion du
 domaine des ports dint'r't national 
 L'approche du co't de
 l'entretien et de l'exploitation des infrastructures terrestres du domaine des ports
 dint'r't national est encore moins ais'e que pour les ports autonomes. En effet,
 le domaine est, selon les cas, conc'd' totalement (Dieppe, Nice), partiellement
 (majorit' des ports dint'r't national) ou pas du tout (Calais, Saint-Pierre et
 Miquelon).  
 L''valuation des co'ts
 r'alis'e par la Cour est limit'e aux ports et concessionnaires qui ont fourni des
 comptes tant au niveau des redevances domaniales que des charges totales des concessions.
 Cette estimation du co't dentretien et dexploitation est fond'e sur un taux
 de 6 % des charges d'exploitation (hors charges calcul'es). Ce taux correspond : au
 num'rateur, ' la moyenne des d'penses effectives d'entretien des terre-pleins et
 chauss'es observ'es sur plusieurs ann'es dans les ports de Caen, La Rochelle et
 Concarneau, major'e de 70 % (41); au d'nominateur, aux charges d'exploitation totales de
 ces ports, nettes des amortissements et des provisions. Sur cette base, le co't
 d'entretien et d'exploitation des infrastructures terrestres du domaine de 15 ports
 dint'r't national g'r's par les concessionnaires s''tablirait ' environ 36 MF. 
 La Cour a constat' une certaine
 divergence dans la r'partition entre les co'ts et les superficies des ports concern's.
 A titre dexemple, alors que la superficie du domaine de Caen repr'sente 12 % de
 celles de lensemble des PIN, sa part dans les co'ts domaniaux nest que de 5
 %. N'anmoins, ces superficies sont celles des ports dint'r't national et non pas
 celles qui sont effectivement conc'd'es. Les rapprochements sont donc plus al'atoires
 et moins pertinents que pour les ports autonomes.  
 L'estimation du revenu annuel du
 domaine des ports dint'r't national g'r' par les concessionnaires est plus
 al'atoire que celle des ports autonomes, compte tenu des informations disponibles. Sous
 cette r'serve, le revenu annuel du domaine des quinze ports d'int'r't national
 ressortirait ' environ 20 MF. Le rendement annuel serait ainsi d'environ 1,2 F/m2. 
 Recommandations 
 - exiger une production
 syst'matique des comptes des concessions portuaires ; 
 - respecter les r'gles en mati're de transferts de gestion, en versant lindemnit'
 pr'vue ' lEtat et non aux ports autonomes, en labsence dune r'forme
 de larticle R 113-22 du code des ports maritimes qui permettrait le versement direct
 au port autonome ; 
 - clarifier et harmoniser les diff'rentes pratiques en mati're de rabais et ristournes
 accord's sur les produits domaniaux, ainsi que leur traitement comptable ; 
 - am'liorer la connaissance du co't de la gestion du domaine, et optimiser le rendement
 de cette activit'. 
 C. - Ladequation
 entre les besoins portuaires et la gestion patrimoniale 
 1' L'quipement et la
 valorisation du domaine 
 a) L'tendue des zones
 industrielles 
 Lad'quation entre les
 besoins fonciers des activit's portuaires et les surfaces disponibles, qui est
 lenjeu domanial central dans les ports, doit conduire en permanence les
 gestionnaires du domaine ' sinterroger sur le patrimoine foncier g'r', quil
 sagisse de sa quantit', cest-'-dire le volume de terrains, ou de sa
 qualit', appr'ci'e par lad'quation aux besoins portuaires des am'nagements de
 terrains ou des dessertes. 
 Les emprises industrielles
 peuvent 'tre consid'r'es comme suffisantes. N'anmoins, la plupart des ports
 d'int'r't national sont situ's au cur de la ville et ne disposent quasiment pas
 de zones industrielles. Cette situation peut hypoth'quer le d'veloppement dun
 certain nombre dentre eux, soit quelle conduise ' des acquisitions fonci'res
 co'teuses qui supposent des implantations ' des conditions avantageuses pour les
 gestionnaires du domaine, soit quelle contraigne ' renoncer ' des activit's
 industrielles tr's consommatrices despace. 
 Dans les ports autonomes, le
 probl'me est plus celui de la qualit' que de la disponibilit' des terrains portuaires.
 Ceux-ci disposent de vastes zones industrielles portuaires et d'amples r'serves, ce qui
 repr'sente un atout certain pour les ports fran'ais par rapport ' leurs concurrents.
 Mais ces terrains, dont une partie a 't' am'nag'e, sont actuellement consid'r's
 comme insuffisants pour une extension des ports, pour des raisons 'cologiques ou
 d'urbanisme ou encore parce que l'accroissement des zones portuaires suscite des besoins
 importants. 
 Le besoin despaces a donc
 conduit ' faire 'voluer lentement le domaine des ports. Lexacte appr'ciation des
 besoins en terrains portuaires suppose en pr'alable l'valuation des surfaces qui
 ont perdu ou nont jamais acquis leur vocation portuaire. Elle doit conduire ' des
 transferts ou des d'classements, qui sont, dans la plupart des ports, tout juste entam's
 aujourdhui. 
 Beaucoup de ports d'int'r't
 national disposent de peu d'espaces et, afin de satisfaire aux besoins cr''s par
 l'implantation de nouveaux trafics, comme le transport par conteneurs, ont 't' amen's
 ' construire des terre-pleins pris sur la mer. Le co't du remblaiement est souvent tr's
 'lev'. Plusieurs ports ont pourtant eu recours ' cette technique sur une grande
 'chelle, tels que Cherbourg, Dieppe, Calais et La Rochelle. Son co't justifie de
 ny recourir quen labsence de r'serves fonci'res disponibles et
 quavec la certitude dune utilisation rapide des terrains. Or les exemples de
 Fort-de-France et de Bayonne montrent les risques dentreprendre ' grand frais des
 remblaiements ' lusage incertain ' court ou moyen terme. 
 b) Lam'nagement des zones
 industrielles 
 Les ports autonomes participent
 largement ' l'quipement des zones industrielles. De m'me, les concessionnaires
 des ports dint'r't national sont tr's impliqu's dans la cr'ation de celles-ci.
 Cependant, les investissements r'alis's au profit doccupants du domaine public ont
 parfois conduit les ports ' supporter des 'quipements sans valeur portuaire, uniquement
 destin's ' ces occupants.  
 A Rouen, le port a satisfait en
 1993 ' la demande dune soci't', titulaire dune autorisation
 doccupation temporaire jusquen 2003, visant ' faire financer par
 l'tablissement la construction de locaux dexploitation pour cette soci't'.
 Le co't de ces travaux a repr'sent' 20 MF pour le port, r'duisant dautant sa
 marge dautofinancement d'j' tr's faible : linvestissement en question a
 correspondu ' 50 % de la capacit' demprunt autoris'e cette ann'e-l' par le
 fonds de d'veloppement 'conomique et social. En outre, il a profit' ' une soci't'
 qui ne cr'ait aucun flux commercial pour le port. 
 Si la mise en valeur du domaine
 portuaire est n'cessaire, y compris ' des fins industrielles non li'es au port, elle ne
 doit pas, pour autant, entrer en contradiction avec les missions de service public
 d'volues ' l'tablissement ou limiter des investissements portuaires prioritaires. 
 2' Lad'quation aux besoins
 fonciers de lactivit' portuaire 
 a) Les terre-pleins nus 
 Dans les ports autonomes, le
 besoin de terrains est plus qualitatif que quantitatif. La satisfaction des besoins
 fonciers des industries portuaires ne peut s'appr'cier qu'en tenant compte de plusieurs
 facteurs. 
 Le premier consiste '
 consid'rer l'ensemble des besoins portuaires. De ce point de vue, une juste appr'ciation
 des besoins fonciers pour l'activit' d'un port suppose de prendre en compte l'activit'
 des soci't's implant'es sur des terrains priv's. Des entreprises telles que Sollac ont
 choisi de s'installer sur des terrains priv's. Elles sont parfois desservies par des
 quais priv's, ce qui leur permet d'exp'dier directement leur production, en effectuant
 les op'rations portuaires avec leur propre personnel. Ces entreprises ont en g'n'ral
 acquis des surfaces importantes de terrain, ce qui leur permet de d'velopper leur
 activit' en tenant compte des contraintes impos'es par la l'gislation sur la protection
 de l'environnement. 
 Le second facteur est celui de
 l'ad'quation, qualitative et non seulement quantitative, des surfaces disponibles aux
 besoins exprim's. Or les terminaux portuaires cr''s nagu're ne r'pondent plus
 toujours aux besoins actuels des chargeurs. Ainsi la construction de l''cluse Fran'ois
 1er au Havre en 1972, la plus grande du monde ' l''poque, a permis la r'alisation des
 terminaux de l'Oc'an et de l'Europe qui disposaient de 81 ha de terre-pleins. Mais devant
 l'accroissement du trafic et afin d'am'liorer la comp'titivit' dans ce domaine, les
 autorit's portuaires ont d'cid' de d'velopper un nouveau port ' conteneurs ' l'aval
 de l''cluse, le "port rapide aval", dont la surface des terre-pleins en partie
 gagn's sur la mer est de 60 ha. Le dernier terminal Asie et Osaka est op'rationnel
 depuis avril 1994. Les terre-pleins initialement disponibles se sont donc r'v'l's plus
 obsol'tes qu'insuffisants. 
 A contrario, on peut s'interroger
 sur l'obsolescence ou l'abandon de l'espace consid'r' par l'activit' portuaire apr's
 la fermeture des raffineries de Bordeaux ou de S'te dans les ann'es quatre vingt. La
 m'me question se pose dans le cas du terminal ' conteneurs du Verdon, dot' dun
 outillage surdimensionn', dont l'insuffisance des dessertes a contribu' ' la
 r'gression du trafic et ' la d'sertion du site. 
 Les terre-pleins des ports
 d'int'r't national sont en g'n'ral suffisants pour satisfaire au trafic portuaire, si
 lon ne prend pas en compte les implantations industrielles. 
 En conclusion, si les besoins
 fonciers de l'activit' portuaire semblent satisfaits en volume, ils le sont moins du
 point de vue qualitatif. Les ports, afin d''tre comp'titifs, doivent davantage suivre
 l''volution des trafics. Cela suppose en particulier des terminaux qui demandent
 davantage d'espace pour s''tendre et pour fonctionner en pleine capacit'. Ces besoins
 despaces de stockage de plus en plus vastes ont amen' les ports ' s''loigner des
 villes. 
 b) La demande de terrains
 industriels a fortement 'volu' 
 L'activit' industrielle des
 zones portuaires a 't' longtemps domin'e par l'implantation de grosses entreprises
 industrielles, tr's consommatrices d'espaces, au d'triment de l'implantation d'autres
 activit's. Ainsi ' Dunkerque, CRD Total occupe 250 ha et Aluminium Dunkerque, 100 ha ;
 ' Marseille-Fos, Ascom'tal occupe 263 ha et Elf Atochem, 185 ha. La pr'sence de ces
 usines class'es implique la mise en place de p'rim'tres de risques technologiques, ce
 qui peut conduire ' limiter, comme ' Port la Nouvelle et au Havre, le d'veloppement
 d'activit's ' proximit' des industries ' l'origine des risques. 
 Mais les besoins 'voluent, ' la
 fois pour les activit's industrielles et les activit's tertiaires telles que les zones
 logistiques et de service. 
 Les industries non portuaires
 sont en outre de plus en plus pr'sentes, alors que l'objectif premier d'un port est de
 privil'gier celles qui ont une relation avec l'activit' portuaire ou maritime. A cet
 'gard, le code des ports maritimes rappelle que les 'quipements 'tablis sur le domaine
 public doivent avoir un rapport avec l'exploitation du port ou son d'veloppement.
 (article R. 631-2). Cependant, on assiste de plus en plus ' l'implantation sur des
 terrains portuaires d'entreprises qui n'ont aucune activit' maritime. C'est le cas de la
 soci't' rouennaise d'j' cit'e, implant'e sur la zone de Grand Couronne ' Rouen,
 alors qu'elle n'a aucun lien avec les activit's du port et ne cr'e aucun trafic
 portuaire. La r'cente installation d'une zone de stockage de produits dangereux sur la
 zone industrielle portuaire du Havre et bient't sur la zone de Fos montre l'int'r't que
 peuvent offrir les terrains portuaires pour des activit's non maritimes. En Guadeloupe,
 la tr's forte demande de terrains, cons'quence de la loi Pons sur la d'fiscalisation, a
 amen' le port autonome ' am'nager une zone destin'e ' l'implantation d'entreprises
 d'activit's diverses qui n'ont aucun caract're maritime. 
 Des zones industrielles se sont
 m'me d'velopp'es hors des limites portuaires, en particulier dans les ports d'int'r't
 national dont l'exigu't' ne leur permet pas de poss'der des terrains industriels.
 Cest le cas de la zone de Transmarq ' Calais, ou encore du port du Havre : celui-ci
 est propri'taire d'un terrain de 94 ha situ' sur la commune d'Octeville, qui ne fait pas
 partie du domaine portuaire et n'a, de ce fait, aucune vocation ' promouvoir des
 activit's maritimes. 
 Afin d'augmenter l'attractivit'
 pour les installations industrielles de l'offre fonci're en zone portuaire, les ports
 proc'dent en g'n'ral ' des travaux de remblaiement et d'am'nagement des terrains
 qu'ils mettent ' disposition. Mais au-del', la demande de terrains non seulement
 viabilis's mais compl'tement am'nag's pour une implantation imm'diate, est
 croissante. Cest le cas de l'activit' logistique qui consiste ' stocker,
 distribuer et transformer la marchandise import'e par voie maritime, source importante
 d'expansion pour les ports du nord qui commence ' se d'velopper au Havre et '
 Marseille. 
 Dans certains cas, les terrains
 mis ' disposition sont donc enti'rement am'nag's, c'est ' dire remblay's,
 viabilis's et construits. N'anmoins, les exemples de ces am'nagements n'ont pas
 toujours connu le succ's esp'r'. L'am'nagement ' grand frais du site de Marepolis '
 Toulon n'a pas permis d'attirer une seule entreprise et s'est termin' par la dissolution
 de la SEM. De m'me l'am'nagement de la zone portuaire de Frontignan n'a pas abouti '
 assurer l'utilisation de ce site. La Cour relevait en 1996 que, huit ans apr's le d'but
 des travaux (1988), les terrains, en dehors des installations conchylicoles, restaient
 quasi totalement inoccup's, et que les marins p'cheurs avaient refus' de venir
 sinstaller sur le port de p'che, et dy installer la cri'e de S'te. Selon
 les informations communiqu'es par la chambre de commerce, le taux actuel
 doccupation des terrains viabilis's s'l've toutefois ' plus de 60 %. 
 Il importe donc, pour r'pondre
 ' l'volution rapide des besoins des entreprises, de d'finir pr'cis'ment les
 missions des autorit's portuaires en la mati're, notamment par rapport aux am'nageurs
 publics sp'cialis's et aux am'nageurs priv's. 
 Recommandations 
 - engager des transferts ou des
 d'classements des surfaces qui ont perdu ou nont jamais acquis leur vocation
 portuaire, de fa'on ' faire 'voluer le domaine des ports dans le sens dune
 meilleure ad'quation aux besoins portuaires ; accorder la priorit' ' lad'quation
 qualitative du domaine aux besoins de l'activit' portuaire, notamment en termes
 despaces de stockage ; 
 - 'viter des op'rations d'quipement des zones industrielles qui entreraient en
 contradiction avec les missions de service public d'volues ' l'tablissement ou
 limiteraient des investissements portuaires prioritaires ; en cas de mise ' disposition
 de terrains enti'rement am'nag's, c'est ' dire remblay's, viabilis's et construits,
 veiller ' impliquer davantage les am'nageurs publics locaux et les op'rateurs priv's
 b'n'ficiaires. 
  
 (41) Prorata issu des donn'es analytiques du
 port autonome du Havre et correspondant ' la part des charges d'exploitation du domaine,
 des charges indirectes et de structure dans le co't complet du domaine du port. 
   
 
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