LA POLITIQUE
PORTUAIRE FRANCAISE
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REPONSE DU MINISTRE DE L’ECONOMIE, DES
FINANCES ET DE L’INDUSTRIE
Nous avons pris connaissance
avec int'r't du rapport de la Cour des Comptes sur la politique portuaire fran'aise. Ce
rapport synth'tise les nombreux travaux de la Cour sur la gestion des ports maritimes,
leurs investissements et la r'forme de la manutention. Il dresse un tableau tr's complet
de la situation actuelle du monde portuaire, dans un environnement 'conomique et
r'glementaire mouvant, et ouvre des pistes pour la n'cessaire 'volution du secteur
portuaire.
Il insiste, en particulier, sur
la modification du contexte 'conomique, dans lequel la concurrence ne s’exerce plus
seulement par les prix mais aussi par la qualit' du service rendu (temps de traitement du
navire, infrastructures de transport) et sur l’inadaptation du cadre juridique. De ce
point de vue, nombre de recommandations de la Cour rejoignent les pr'occupations du
minist're de l’'conomie, des finances et de l’industrie.
Concernant l’organisation et
le fonctionnement des ports, le minist're de l’'conomie, des finances et de
l’industrie partage le souci de la Cour d’une clarification des missions, du
cadre juridique et des structures des ports. Cette clarification passe notamment par une
refonte des textes qui r'gissent les concessions d’outillage portuaire, anciens et
inadapt's aux r'gles juridiques internes et communautaires, et facilitera la n'cessaire
r'forme des droits de ports.
La refonte des textes doit avoir
pour objectif de mieux identifier les missions qui reviennent aux ports et celles qui
peuvent 'tre r'alis'es par des op'rateurs ext'rieurs. Elle doit 'galement permettre
d’impliquer de mani're plus 'troite les op'rateurs de la manutention dans les
choix, le financement et l’exploitation des 'quipements portuaires, notamment au
travers de la mise en place d’op'rateurs uniques de terminaux, permettant par
ailleurs d’offrir aux clients un interlocuteur commercial clairement identifi'.
Elle doit poursuivre la r'forme
des conseils d’administration des ports autonomes amorc'e par le d'cret n' 99-76
du 5 f'vrier 1999. Ce dernier d'cret instaure une obligation de d'claration, par les
administrateurs, de leurs int'r'ts dans les soci't's ou organismes susceptibles, du
fait de leur secteur d'activit', de conclure des conventions avec le port
autonome ; il introduit une meilleure repr'sentation des personnels, conforme
aux r'gles g'n'rales de la loi de d'mocratisation du secteur public du 26 juillet
1983. Le minist're de l’'conomie des finances et de l’industrie prend note des
remarques de la Cour sur la composition des conseils d’administration.
Le minist're de
l’'conomie, des finances et de l’industrie constate, avec la Cour, que le cadre
de la politique portuaire est en partie obsol'te. Ainsi la r'f'rence aux notions de
‘port autonome’ et ‘port d’int'r't national’ qui date de 1965
ne correspond plus ' la r'alit' 'conomique actuelle. Les cl's de r'partition du
financement qui sont associ'es ' ces statuts sont un frein ' des choix rationnels
d’investissement et emp'chent la concentration souhaitable des efforts de
l’'tat sur les sites et les projets strat'giques pour le d'veloppement
'conomique. La remise en cause de cette classification pourrait s’accompagner
d’une coordination de ports voisins pour aboutir ' une mise en commun de moyens et
faire cesser des concurrences aussi co'teuses qu’inutiles.
Cette inadaptation du cadre
juridique se double de l’insuffisance des outils de pilotage de la politique
portuaire. La Cour rel've l’absence de sch'ma national d’am'nagement et de
d'veloppement, ainsi que des sch'mas sectoriels correspondants, pr'vus dans la loi
d’orientation pour l’am'nagement du territoire du 4 f'vrier 1995.
D’une mani're plus g'n'rale, l’action de l’'tat en mati're de
politique portuaire p'tit d’une p'nurie d’information et d’expertise,
tant dans la gestion quotidienne o' les informations n'cessaires ' un v'ritable
contr'le de gestion sont insuffisantes – avec des cons'quences directes
sur l’exercice des tutelles financi're et budg'taire de l’'tat - ,
que dans le suivi des investissements. La Cour constate ainsi les 'quipements redondants
ou sur-dimensionn's et le manque de coh'rence entre investissements, r'sultant
notamment d’une m'connaissance r'currente de la dimension intermodale des
investissements de transport.
Cependant l’expertise de
l’'tat en mati're de choix d’investissement a progress'. La r'forme du FDES,
devenu le CIES, a permis d’'tendre son champ d’analyse : il ne limite plus son
approche au seul endettement des ports maritimes mais prend en compte ' la fois les
projets d’investissement, sur la base d’'tudes de rentabilit'
socio-'conomique, et leur financement. Les deux s'ances annuelles du CIES sont
pr'par'es par un pr'-examen des dossiers en concertation avec la DTMPL, les
commissaires du gouvernement et le contr'leur d’'tat. Le CIES concentre son
attention sur les projets des ports autonomes et ceux des ports d’int'r't national
d’un montant significatif. Par ailleurs, le CIES exerce un contr'le a posteriori,
l’examen de l’ex'cution des programmes permettant de s’assurer que les
enveloppes ne sont pas d'pass'es. Sur les projets les plus importants, un contr'le plus
approfondi est mis en œuvre qui peut comprendre une mise ' jour des co'ts et un
premier bilan des avantages.
Le minist're de
l’'conomie, des finances et de l’industrie observe enfin qu’il est
difficile d’appr'cier l’int'r't de l’'tat pour les ports maritimes au
regard du seul montant des interventions publiques qu’il finance. Tout d’abord,
il faut noter que d’autres acteurs, dont l’implication est l'gitime,
interviennent dans le financement : les collectivit's locales, dont le rapport de la
Cour souligne la participation croissante, l’Union europ'enne (fonds FEDER) ou les
op'rateurs portuaires priv's. Tous les 'quipements des ports n’ont pas de vocation
naturelle ' 'tre subventionn's et devraient avoir une rentabilit' suffisante pour
s’autofinancer au moins en partie. Enfin les moyens de l’'tat consacr's '
l’'quipement des ports sont en partie grev's par l’insuffisante ma'trise des
co'ts de certaines activit's portuaires - telles que le
dragage - que la Cour met en 'vidence.
La Cour des comptes souligne par
ailleurs un certain nombre de points sur lesquels il nous semble opportun d’apporter
les pr'cisions suivantes :
1' La Cour estime que les outils
comptables des ports sont insuffisants et que les pratiques comptables varient d'un port
' l'autre.
Elle observe que cette situation
entra'ne des traitements h't'rog'nes des m'mes op'rations et emp'che de comparer la
situation des ports.
Le minist're de l''conomie, des
finances et de l'industrie souhaite nuancer ce constat.
En effet, un examen approfondi,
men' dans le cadre de la mission Pauillac puis par un groupe de travail associant
notamment la DGCP, le contr'le d’'tat et la DTMPL, a 'tabli que les r'gles
pr'vues par le plan comptable g'n'ral et reprises par la M9-5, telles qu’elles
sont appliqu'es par les comptables des ports, permettaient de donner une image fid'le et
sinc're de la situation des ports. Toutefois, il a 't' jug' qu’un certain nombre
de points m'ritaient d’'tre clarifi's : une circulaire interminist'rielle
doit pr'ciser, d’ici la fin de l’ann'e, les recommandations pratiques communes
applicables aux amortissements, aux stocks, aux provisions ainsi qu’' la
comptabilisation des remises commerciales et des subventions re'ues.
Au-del' de ces dispositions, la
mise en place rapide d’une comptabilit' analytique homog'ne pour l’ensemble
des 'tablissements est une condition de l’am'lioration de la gestion des ports.
Elle contribuera ' la plus grande efficacit' du contr'le et de l’intervention des
tutelles. C’est pourquoi la DTMPL entend initier des travaux en ce sens.
2' La Cour rel've
l’am'lioration de fonctionnement, en mati're d’approbation du budget et des
comptes, apport'e par la d'concentration de la proc'dure mise en place en 1996.
Depuis lors, d’autres
am'liorations ont 't' apport'es. Ainsi le d'cret n' 99-575 du 8 juillet 1999
acc'l're la proc'dure d’approbation du budget et des comptes par les tutelles, en
introduisant un d'lai d’un mois apr's r'ception des documents au-del' duquel
l’accord tacite est consid'r' comme acquis. La modification de l’article R.*
113-15 du code des ports maritimes pr'voit le report du 1er octobre au 1er
d'cembre de la date limite ' laquelle le conseil d’administration arr'te
l’'tat pr'visionnel de recettes et de d'penses. Ce report devrait permettre une
instruction plus approfondie, par l’ensemble des acteurs portuaires, y compris les
tutelles, d’un document bas' sur des hypoth'ses plus r'alistes.
3' La Cour s’interroge sur
la compatibilit' des fonctions d’agent comptable et de directeur financier au sein
d’un m'me 'tablissement.
D’autres grandes entreprises
publiques du secteur des transports (SNCF, RATP, RFF) ne sont en effet pas organis'es
comme les ports, la certification de leurs comptes 'tant confi'e ' des commissaires aux
comptes.
Le minist're de
l’'conomie, des finances et de l’industrie estime n'anmoins que le cumul
observ' aujourd’hui dans de nombreux ports peut 'tre admis d's lors que les
responsabilit's juridiques sont clairement 'tablies. Cette organisation r'pond ' un
souci de renforcement de l’efficacit' de gestion dans le contexte concurrentiel
auquel sont soumis les ports. En outre, elle ne contrevient pas ' l’esprit des
textes dont l’objectif est d’assurer la r'gularit' et le bon emploi des fonds
publics : l’agent comptable – chef des services financiers supporte la
responsabilit' personnelle et p'cuniaire des contr'les qui lui incombent. Cette r'gle
est de nature ' mettre en 'chec, sous le contr'le du juge financier, toute d'cision
qui, prise en opportunit', serait entach'e d’irr'gularit'.
4' Le minist're de
l’'conomie, des finances et de l’industrie a d'cid' la constitution d’un
groupe de travail afin d’'tudier la solution ' apporter au sujet de la fiscalit'
locale des ports autonomes.
Aux termes des dispositions
l'gales, seuls les immeubles, les terrains ainsi que les installations fonci'res qui
sont la propri't' de l’'tat ou des collectivit's locales sont exon'r's de taxes
fonci'res lorsqu'ils sont affect's ' un service public ou d'utilit' g'n'rale et non
productifs de revenus. Mais, compte tenu de la diversit' de situations qui ont pu 'tre
recens'es, il est pr'vu qu'un groupe de travail soit constitu' afin d''tudier une
refonte des dispositions actuellement appliqu'es.
5' Concernant la gestion et la
protection du domaine de l’'tat, plusieurs questions sont soulev'es par la Cour.
Le minist're de
l’'conomie, des finances et de l’industrie est favorable ' une gestion plus
active du patrimoine foncier et immobilier des ports. Les dispositifs en vigueur (le
compte de remploi et la restitution de 90 % du produit des cessions fonci'res
pr'vue par le d'cret du 29 f'vrier 1996) permettent aux 'tablissements portuaires
d’atteindre cet objectif. Il convient cependant de s’interroger avec la Cour sur
l’utilit' d’un dispositif peu utilis' par les int'ress's.
Le minist're de
l’'conomie, des finances et de l’industrie juge par ailleurs que les lacunes du
cadastre n’ont pas d’impact sur la rapidit' de la proc'dure domaniale : les
d'lais proviennent souvent de la difficult' d’'valuer le bien – et en
particulier les plus-values – pour des emprises qui, ' ce stade de la proc'dure,
sont connues.
Enfin, des instructions ont 't'
donn'es d's janvier 1996 pour que l’administration proc'de ' des revalorisations
des redevances pour les nouveaux titres d’occupation du domaine public constitutifs
de droits r'els pour tenir compte de la possibilit' d’indemnisation du titulaire en
cas de rupture anticip'e du titre. L’augmentation des redevances domaniales dans le
cas du renouvellement du titre au profit d’un occupant lorsque celui-ci a valoris'
le domaine de l’'tat en y r'alisant des constructions est conforme '
l’article R56 du code du domaine de l’'tat et permet de ne pas faire d'pendre
la redevance de la qualit' du b'n'ficiaire.
Enfin, le minist're de
l’'conomie, des finances et de l’industrie est favorable ' la mise en place
d’un dispositif plus formalis' d’'change d’information entre les services
fiscaux et les services de l’'quipement afin de mieux assurer la surveillance des
titres arrivant ' expiration et d’'viter les occupations sans titre du domaine
public.
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